Les Vendanges de l'Autobus

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Un autre monde.

Quand se couchent enfin les deux lunes sereines,
Un soleil émeraude escalade les cieux
Pour venir se mirer aux reflets gracieux
D'un océan de pourpre où filent des baleines.

De grands oiseaux de feu glissent à l'horizon;
Leur aile ne bat point et leur corps reste en boule.
Ils suivent le dolent mouvement de la houle,
En paisibles bergers de nuage grison.

Dans les étages de la forêt suspendue,
Chasse le myosotis, au long mugissement,
Que même le grand tigre évite prestement,
Où dors le dôme argent d'une cité perdue.

C'est un monde sans peur, à l'hiver indulgent,
Où l'ouragan rétif doucement s'ensommeille,
Tandis que, sous un ciel de spirale vermeille,
Chantent les tournesols aux corolles d'argent.

L'Orichalque sacré, monté des profondeurs,
Parsème, vert sur blanc, la montagne éternelle,
Mais il n'est plus baigné de son aura mortelle,
Car ce monde est calmé, vidé de ses ardeurs.

Il a bien oublié le temps qu'il a connu
Du sauvage tango que dansaient les atomes.
Le même bain de feu consumait les trois Romes
Et, sur le grand brasier, dansait le vieux Cornu.
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© Vincent Herelle 2016