Les Vendanges de l'Autobus |
Le rêve d'Erostrate. |
Alors qu'il sommeillait, juste au bord du néant, Un trait de feu frappa sa conscience embrumée, Et, dans l'air du matin, l'édifice géant, Soudainement, parut entouré de fumée. Hélas, dit-il enfin, qu'est-ce donc que l'humain Auprès du grand palais de la belle déesse ? Rien qu'un morceau de chair, qui s'en ira demain Hanter le vert espace où cours la chasseresse. Quand il ne serait plus qu'un lambeau pourrissant, Se dresserait encor' le froid marbre du temple, Où des vieillards chenus disent d'un ton lassant L'éternité du Dieu doré qui les contemple. "A quoi bon, se dit-il, vivre ainsi sans défaut, Garder cette vertu sans relâche et sans trêve, Quand, pour être immortel, au juste, il ne me faut Que suivre le chemin révélé par le rêve. S'en aller simplement allumer un bûcher Dont les flammes seront, pour les races futures, Comme un phare dressé tout en haut d'un rocher Qui leur rappellera les antiques brûlures. Voici donc le moyen, pour ma tête démente, De sortir du néant pour des générations. Les hommes garderont ma mémoire vivante, Se souviendront de moi, par des malédictions. |
© Vincent Herelle 2016 |