Les Vendanges de l'Autobus

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Léviathan.

De son long couché sur un lit de sable, il rêve.
Il rêve aux tourbillons d'une jeunesse brève
Où ne comptait alors que seule la vitesse,
Quand il fendait les flots, étourdissante ivresse.

Maintenant, le temps passe au rythme des visites
D'un mérou nonchalant, d'un poulpe qui hésite.
Il entend un écho de sirènes qui sonnent
Tandis que, sur son dos, ondulent des gorgonnes.

Les tempêtes, là-haut, peuvent bien s'agiter;
Dans le fond, il connaît l'ultime vérité:
Dans le temps qui s'enfuit l'Océan seul résiste,
Origine et linceul de tout ce qui existe.

Il rêve du passé, des ors et des drapeaux
Dont il conserve encor d'étranges oripeaux.
Il rêve aux actes fous, géants, ou misérables,
Qui marquèrent jadis cette nuit formidable.

Il rêve quand, du fond des ténèbres dernières,
Un insecte bruyant, aux longs doigts de lumière,
Caressant son long nez d'un feu fantomatique
Fait luire dans les algues un seul mot: "TITANIC".
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© Vincent Herelle 2016