Les Vendanges de l'Autobus

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Le Retour du Mousquetaire.

Sur le pavé glissant, la jambe traîne un peu,
Souvenir au mollet d'une balle espagnole.
La gloire l'a frôlé. Les femmes et le jeu
N'ont laissé dans sa bourse une seule pistole.

Il mène par la bride un étique cheval,
Pour ne pas déranger, en passant, les mystères
Du village englouti dans le brouillard du val,
En prenant le chemin du manoir de ses pères.

Dans le jour qui blanchit, le vieux fronton fendu,
La toiture avachie, les lucarnes béantes,
Montrent au revenant que tout le temps perdu
A laissé, là aussi, ses traces évidentes.

Alors, sans s'accorder l'humble grâce d'un pleur,
Dédaignant un regard seulement en arrière,
Dans le jardin sauvage, il a pris une fleur
Et va la déposer au tombeau de sa mère.

Lorsque les villageois se lèvent, fort marris,
Puisque, dans ce pays, il n'est plus rien qui vaille,
Le mousquetaire gris s'en retourne à Paris,
Vers l'honneur de mourir sur un champ de bataille.
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© Vincent Herelle 2016