Les Vendanges de l'Autobus |
La plaie. |
Dans le jour qui s’en va, sous les arbres noircis, Sous l’ombre du chêne et de sa tête opulente, On semble apercevoir les contours indécis D’une impression d’ours, la marche chancelante. Il marche, et chaque pas pourrait le faire hurler Tant est violent le feu qui lui brûle les côtes ; Mais c’est la peur qui vient les lèvres lui sceller Tandis qu’un cor, au loin, libère quelques notes. Il frôle son côté de son bras impuissant. Si le fer est tombé, la blessure encor saigne Et marque le sous- bois de ses larmes de sang ; Il poursuit le chemin que l’instinct lui enseigne. Il a trois fois déjà traversé le ruisseau Pour qu’aucun chien courrant ne le suive à la trace. Et s’il s’est appuyé sur plus d’un arbrisseau, Sa marque se confond avec le temps qui passe. Cette fille il revoit, d’un assez grand attrait, Chasseresse d’un jour, citadine sans doute, Qui, sans presque y penser, a décoché son trait, Juste pour le plaisir, et poursuivi sa route. Mais cela fut assez pour lui tailler le ventre Et laisser un accroc qui ne se peut guérir. Aussi se hâte-t-il de regagner son antre Pour y lécher en paix son mal, ou bien mourir. |
© Vincent Herelle 2016 |