Poèmes de jeunesse

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Revanche.

Ma mémoire venait, bien souvent importune,
Me rappeler la bonne et moins bonne fortune.
A l'aube de l'hiver, au début du printemps,
Sortaient des sentiments morts depuis bien longtemps.
Des visages enfuis, des occasions ratées,
Souvenaient, âpres au goût comme poires gâtées.

Parmi ces souvenirs, quelques robes passaient;
Certaines souriaient, qui bientôt se lassaient.
Et mon vrai drame était que, parmi ces passantes,
On eût en vain cherché des visages d'amantes,
Hormis deux que je n'ai pas payé de retour,
Eveillé bien trop tard, perdu dans mes détours.

Pourtant, de ce passé, un beau soir tu surgis.
Je ne t'attendais pas, mais mon coeur a rugi.
Termine, ô ma mémoire, cet instant trépassé!
Plus ne veux connaître ce qui n'est que passé:
Ton regard, en ce soir qui va nous réunir,
Me parle du passé en termes d'avenir.
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© Vincent Herelle 2016