Poèmes de jeunesse |
La trentaine. |
Un jour, on se réveille avec le temps passé, Cheveux blancs, cheveu gris, le regard affaibli Et point toujours quelqu'un pour partager son lit, Au fond du coeur, enfin, comme un élan cassé. Dix ans, quinze ans, vingt ans, et comme a fui le temps ! Hier, hier à peine, l'on s'échappait de l'enfance Pour goûter tout ce qui, naguère, était défense ; Et, déjà, l'on a vu passer tant de printemps ! Mais voici que revient le jolis mois de mai. Las, la sève est plus lente à monter dans nos branches, Les marques de l'écorce sont toujours plus franches, Tandis qu'au fond l'aubier se durcit à jamais. Alors, l'on va, l'on vient, l'on appelle un ami ; L'on fait n'importe quoi pour oublier l'aride Moment qui ne produit qu'encore une autre ride, Nous tire vers le temps du vide, et du Rami. C'est la fuite en avant, la charge vers demain, Jusqu'à tant que, lassé des occasions fanées, On puisse imaginer oublier les années, Et puis se rendormir pour quinze jours au moins. |
© Vincent Herelle 2016 |