Les Vendanges de l'Autobus

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Ombre.

Dans un imperméable couleur de muraille,
Il glisse lentement au long des murs aveugles.
Il passe simplement juste à côté des règles,
Ne se retournant pas, qu'on l'insulte ou le raille.

Qui donc se préoccupe d'une ombre qui passe ?


Le mur de l'autre bord est orné d'une grille
Que déjà, gentiment, rosit la fin du jour,
Jouant sur un lustre de salle de séjour :
L'homme et son double gris en cent feux s'éparpillent.

Qui donc se préoccupe d'une ombre qui casse ?


Au ciel s'en vont courant des traits d'or et de flamme.
La lumière décroît irrésistiblement.
Alors qu'arrive l'heure pâle où l'oeil vous ment,
Il glisse au long du mur et se perd dans la trame.

Qui donc a remarqué cette ombre qui s'efface ?


Le mur comme la rue ont fondu dans la nuit,
Et l'on ne voit plus rien qui, maintenant, y glisse.
Avant que, loin vers l'est, le ciel enfin pâlisse,
Il passera longtemps, sombre, vide et sans bruit.

Qui n'a donc oublié l'ombre d'une ombre lasse ?

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© Vincent Herelle 2016